Les inspirations de Lou

Arthur Rimbaud

Je pense que le mystère qui sous-tend l’œuvre du poète Arthur Rimbaud, l’œuvre elle-même et la vie chaotique qu’il mena jusqu’à sa mort à l’âge de 37 ans, interroge autant la littérature, la philosophie et la psychologie. En disant « il faut se faire voyant », il invitait à provoquer le réel, les normes esthétiques et morales de son époque. Prodigieuse nécessité artistique ( symbolisme et surréalisme) qui bouleversera les codes de la poésie fin-de siècle et l’urgence d’une révolte impliquant le devoir de ne jamais considérer la pensée comme figée dans des principes rationnels et académiques sclérosants.


Oscar Wilde

Si l’on se contente de réfléchir sur les pièces célèbres de Wilde ou du scandale que provoqua son homosexualité avec son procès en 1895, cela n’est pas suffisant. L’irlandais possédait une telle culture que ses ouvrages comme « l’âme de l’homme sous le socialisme », ses contes, ses nouvelles, son unique roman « le portrait de Dorian Gray » ou encore ses réflexions sur l’histoire donnent une envergure philosophique à la littérature. Mais plus encore, il a marqué l’histoire de ses révoltes non feintes et possédait une éthique généreuse que son « De profundis » et « la ballade de la geole de reading » rédigées pendant et après la prison montrent qu’il porte une grandeur d’âme qui m’a profondément émue. Il me sert de modèle et nourrit ma réflexion aujourd’hui encore…


Léo Férré

Crédits :  JP Roche 

J’étais adolescente lorsque j’ai vu sur scène Léo FERRE à Paris. Je ne m’attendais pas à une telle force de présence et une telle intensité libertaire dans ses textes qui interrogeaient toujours les multiples facettes de l’homme, de l’amour, de la politique et la nécessité d’une révolte pacifique. L’anarchisme de Ferré était réel et poétique. J’ai pu lire et relire Rimbaud, Verlaine ou Apollinaire parce qu’il les avait mis en musique. Quand je sortais d’un concert de Ferré, j’avais envie de vivre, d’observer le monde avec un esprit critique fondé en raison et surtout, j’avais hâte de réaliser mes propres rêves artistiques, si modestes soient t-ils…


Jim Morrison

Crédits : serts/594011872

Je n’étais qu’une enfant lorsqu’il est décédé à Paris en 1971. Vingt ans plus tard, Oliver Stone a réalisé « the Doors » en hommage à ce chanteur disparu à l’âge de 27 ans. Val KILMER l’avait tellement bien incarné (selon moi) que j’ai enfin découvert tous les albums du groupe. Les textes de Jim étaient beaucoup plus poétiques et interrogateurs que nombres de groupes de rock. D’ailleurs il avait écrit des poèmes publiés sur le tard. J’ai été imprégnée de ses mélodies entrecoupées de rage, de contestations sur scène, de sa volonté de masquer sa beauté légendaire pour que nous l’écoutions profondément sans faire de lui un objet de désir. Il aimait beaucoup Oscar Wilde et voulait être enterré au Père Lachaise comme lui. Ce fut fait. Trop tôt comme nombre de poètes météorites.


Eminem

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Ce fut un choc. Artistique et moral. Je ne m’y attendais pas.

Lorsque j’ai écouté comme des millions d’êtres « loose yourself » et « Mockingbird » ou encore « I’m not afraid », « Till I collapse » et « The way I am », j’ai ressenti la même colère, la même mélancolie et le même cynisme inventif qu’Eminem exprime dans ses textes travaillés avec une plume acerbe, rigoureuse entrecoupée d’insultes. Celles-ci sont crues. Mais si l’on s’attache à ses cris, on entend davantage des rages saines et constructives, on mesure l’urgence de se battre pour ce qui nous tient à cœur. Eminem est de ma génération et avec cet artiste, j’ai pu enfin trouver un tempo intérieur qui résonne régulièrement avec le mien. Il n’est nullement incompatible avec la délicatesse et l’esthétique que je pose dans mes salons littéraires et philosophiques. Les auteurs que je traite et présente dans mes représentations sont toutes nourries du même principe : dire avec leurs voix et la mienne ce que le monde est ou ne doit plus être.